Bangui et Nous

Une famille à Bangui

posté le 07/12/08

jour 15......je suis "metteuse en scène"

A l’impossible nul n’est tenu mais à Bangui nul n’est tenu pour impossible…

Replongeons-nous, à cette époque des jours 2, 3, 4 où sans eau, ni électricité, habillée d’affaires sales je dispensais péniblement mes cours chaque matin, n’osant imaginer ce qui allait m’arriver le lendemain….

Quand un élève me dit « madame…y a un gars qui vous cherche depuis la semaine dernière, il vous attend devant le lycée et demande après vous »

Le jour suivant, un collègue « Tiens, hier, un gars voulait te voir, je sais pas, il fait du théâtre je crois… »

Et le surlendemain, je croise finalement ce mystérieux centrafricain qui me dit qu’il est comédien, qu’il a su (allez savoir comment !!) que je faisais un atelier théâtre au lycée et que SI CA NE ME DERANGEAIT PAS, il aimerait bien que je rencontre sa troupe qui montait une pièce « difficile » qu’ils n’avaient pas tout compris et que si je pouvais, sur des difficultés de français, leur expliquer, VRAIMENT ça les arrangerait !!! »

« Mais oui, bien sûr », répondit la grande cruche naïve au cheveu blond, sec et hirsute ……j’ai deux heures à tuer entre mes problèmes, d’eau, de meubles, d’explosion de chauffe-eau,  de machines au bord de la crise de nerfs, d’onduleur qui frétille, d’ordis pétés, de cours non faits, de montagnes de copies…. 

Rendez-vous donc, le lendemain à 14heures avec sa troupe !

Le lendemain, je rallume mon portable après mes cours et me retrouve plongée dans la quatrième dimension du père UBU

« Ui, alors voilà Miriel, comme il nous fallait un nom de metteur en scène pour nous présenter au festival théâtral de Bangui dans 10 jours, bein, miriel, on a mis ton nom !!!!!! »

Bon, et bien, ça y est, je crois qu’on y est,  en pleine folie !!

Je déclare l’intronisation du metteur en scène le plus foireux et inexpérimenté que la scène ait connu…j’ai nommé Miriel, coconne en chef !

Et la pièce ? parce que la pièce vaut son pesant de cacahuètes grillées ..la pièce…oh d’une facilité déconcertante à mettre en scène !

 Je vous plante le décor….Vienne, 1938, la fille du docteur Freud vient d’être arrêtée par la Gestapo..Freud est seul, il s’interroge sur sa vie, le sens de son œuvre, l’existence de Dieu et un inconnu, qui peut être « sa conscience », « un dieu » ou encore  « son inconscient », lui rend visite et participe à son interrogation sur l’existence !!

Et bien voilà, vas-y , mets ça en scène…une bonne pièce philosophique avec des tirades de trois pages sur le sens et non sens de l’existence sans dieu !!!

Oh allez Mu, fais pas ta chochotte, tu voulais faire du théâtre et voici une occasion rêvée…

C’est parti donc…je les regarde, ils entrent en scène pour me montrer

Pour info, le texte version « Le Visiteur » d’Eric Emmanuel Schmitt disait à la scène 2 « Freud, c’est curieux mais ça me rassure de lire et relire ces pages comme une bête obstinée……ah l’argent, le nerf de la guerre…….qui fait taire les plus grosses brutes »

Et maintenant version centrafricaine de la scène 2 de Jean Massamba : « Fred, ceux quirieux me ça mé rassure dé li euh rélir ces pages comme ine bête obstunée……ah l’argent lé neur de la gueurre…qui feut teure le plus grosses brites !!!!

Ah « Fred »,  les « grosses brites » et le neurre de la gueurre »…tout un programme…………il ne me reste plus que 160 pages à épeler mot à mot !

Ensuite viendra la compréhension de la situation historique

Puis le travail sur les personnages

Puis la mise en scène

Puis le plan de feux

Puis trouver des décors….

Ah quel bonheur le théâtre !!!!

Enfin, à l’heure qu’il est nous y sommes arrivés…..une représentation au lycée, une dans un centre culturel et la dernière à l’alliance française ! Sacré boulot de quatre heures de travail tous les après-midi depuis un mois !

Sacrée fous rires aussi, quand ce sacré Jean Massamba (toujours lui, dernière photo) fait une proposition pour représenter Annah (la fille de Freud) qui essaye de se débattre face à la gestapo. Il arrive sur scène et dit « bein annah, tu fais comme ça ! »…il plie ses jambes, les écarte, met ses fesses en arrière et à la manière d’une villageoise faisant de la lutte africaine, fonçant tête en avant,  il se jette sur le Gestapiste qui  bascule en arrière !  Annah Freud version villageoise d’un village centrafricain se battant pour récupérer sa racine de Manioc !!!!!

Une vraie séance d’anthologie pour la rencontre des cultures !!!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. ooz  le 07-12-2008 à 21:53:29  (site)

je clique par hasard pour me faire supporter d'une potentielle championne de tennis et ... j'assiste à une répète de pièce de théâtre ○○○ que Robert Hossein peut aller se rhabiller !!
merci, je prends mon abonnement avec tacite reconduction ♥ merci Mu

2. ooz  le 07-12-2008 à 22:13:19  (site)

voilà, retour au début, Bon dimanche les Bang Bang

3. ooz  le 23-12-2008 à 03:01:22  (site)


alors ?

the show must go on ?

donnez nouvelles, bizoux

mama Ooz

4. Dominique BAUMONT  le 01-12-2009 à 15:22:08  (site)

Trsè heureux de faire votre connaissance sur ce blog. J'ai vécu deux ans à Bangui (2005/2007) et j'en garde un très bon souvenir et le pays est très attachant. Je me suis inscrit à votre news letter pour vous suivre.
Si vous croisez Stéphane Joly transmettez lui s'il vous plait mon meilleur souvenir, on a bien travaillé ensemble. Amitiés. A bientôt. Dominique

 
 
 
posté le 07/12/08

jour 14: on ne rit pas!!!!

Je me suis mise au ………………………TENNIS !

Mon prof est handicapé, il est sur une chaise roulante !!

J’ai, paraît-il, une raquette d’homme !!!

Mon prof  s’appelle « Galère »….. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! et il m’a dit hier « bon, tu  comptes jouer comme ça ? faudrait quand même que t’achètes une tenue non ? Parce que le short de foot de ton mari, tes baskets de hand et ton jogging c’est pas vraiment ça !!! »

 

Question subsidiaire :

Sont-ce des signes évidents pour que j’arrête toutes mes tentatives sportives ?

 

Au sujet des photos, pour toutes réclamations voir Lisalou…..

 

 

 

 

 


 
 
posté le 07/12/08

jour 13...durs les samedis matins!

Ça y est ça guinche les vendredis soirs..mais alors, le samedi matin, je vois ma vie défiler quand le réveil sonne……je me hisse péniblement du lit, rampe jusqu’au lycée et attend, face à élève, que le tout-puissant veuille bien mettre un terme à mon calvaire tant les minutes sont longues !

Heureusement, à midi trente, pour récompenser les courageux….apéro des profs sous la paillote ! Comme ça, dès que le degré d’alcoolémie est à nouveau atteint, on se sent mieux !

Quelques visions de mon supplice matinal

 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. ooz  le 07-12-2008 à 22:11:53  (site)

Petit Salsa a encore son pansement, je ne l'avais pas vu sur les photos où elles plantent les graines ...

 
 
 
 

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